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Agir sur les comportements, le nouveau visage de la sécurité

L'ISO a élaboré une nouvelle norme - ISO 45001 - qui oblige les entreprises à agir sur les comportements pour améliorer les performances Sécurité et Santé. Lors d'une conférence au CQHN à Charleroi, Alain Mulatin (fondateur et CEO de Simplylife) a abordé cette nouvelle thématique. Découvrez son interview.

Bonjour Alain, tu viens de donner une conférence au CQHN à Charleroi sur la thématique : le nouveau visage de la sécurité.  L’intégration de la nouvelle norme européenne 45001 des comportements en matière de sécurité.  Peux-tu nous en dire un peu plus ?

" Bien volontiers. En réalité le défi du futur est de changer les comportements humains. Après avoir travaillé sur la technique et les processus, il reste l’axe  «comportements humains » pour diminuer les accidents au travail.

Cependant cette nouvelle approche est complètement différente des deux autres, et elle requiert des connaissances en psychologie, que malheureusement les conseillers en prévention n’ont pas reçues dans leur cursus de formation.

Changer les comportements est une chose qui leur parait complexe et difficile. Or, dans la réalité, si l’on a quelques notions de psychologie comportementale, on peut y arriver facilement. Il existe environ 12 outils puissants pour changer le comportement des gens. Ces outils ont été développés par des chercheurs en psychologie comportementale ".

 

Mais alors Alain, quels sont les trucs pour changer les comportements ?

" Vous expliquer les théories me prendrait au minimum 4 jours complets.  Mais je vais vous donner quelques pistes, rassurez-vous.  

Je vais vous parler d’un outil que j’adore: le sentiment de liberté. En réalité si vous avez envie d’impliquer et de responsabiliser les gens, il faut arrêter de leur donner des ordres et des directives, il faut leur donner des choix. Quand j’ai le choix et que je fais ce choix, je suis responsable de mon choix. Si je n’ai pas le choix, je ne suis pas responsable. C’est toute la différence ".

 

Ok Alain, j’ai compris à moitié ;-)  Tu peux nous donner un exemple pratique ?

" Imaginez l’entreprise A. Elle a des EPI obligatoires et elle impose les EPI standards et uniques pour tous. Le travailleur râle car ils sont moches, pas adaptés, …  bref les mille reproches habituels.

Imaginez maintenant l’entreprise B. Elle dispose de 3 équipements différents mais tous les trois sont conformes aux prescriptions légales. Juste que l’un est plus design, l’autre est plus souple, et le troisième est plus coloré. En faisant le choix de son propre équipement, le travailleur va porter son EPI avec plus de motivation, car c’est le sien, il a fait son choix.

En réalité pour tout travail à réaliser, demandez à vos équipes comment ils comptent réaliser celui-ci en toute sécurité, plutôt que de leur donner une procédure stricte.

C’est cela, donner un sentiment de liberté ".

 

Mais Alain , c’est une révolution, le rôle du chef n’est plus de donner des ordres !

" Effectivement, le rôle du chef change radicalement :

  • Il donne les moyens
  • Il donne le cadre de travail
  • Il demande un plan d’action à ses équipes
  • Il valide le plan d’action
  • Il demande un engagement
  • Il vérifie si celui-ci est réalisé correctement

Il faut donc commencer par former la ligne hiérarchique à changer son style de management. Le management doit passer du management autoritaire au management participatif et responsabilisant ".

 

Ok, mais ce n’est pas évident de changer son style de management !

" Effectivement, c’est la raison pour laquelle il faut les former et les coacher sur le terrain. La formation dure 2 jours et les accompagnements sont de 2 x 2 h. L’accompagnement de terrain se fait lors de :

  • un briefing sécurité
  • l’accueil d’un nouveau
  • un recadrage d’un comportement déviant et répétitif
  • une visite de terrain

Ensuite les managers élaborent un plan d’action qui est suivi par un comité de suivi. De cette manière on verrouille le changement ".

 

Et pour les opérateurs de terrain ?

" Il faut travailler complètement autrement avec eux. En fait nous allons utiliser un autre outil puissant de psychologie qui est la méthode déductive. Nous plaçons les opérateurs dans une situation de quasi accident. En vivant une émotion intense ils déduisent par eux même et de manière librement consentie les bons comportements à adopter.

Jamais nous ne leur disons ce qu’ils doivent penser ".

 

Peux-tu nous donner un exemple ?

" Pour moi, le plus bel exemple que tout le monde connaît est la voiture tonneau de la police. Vous grimpez dans la voiture, vous attachez votre ceinture bien évidement, vous faites trois tonneaux et vous avez tout compris.

Le policier n’a pas du vous dire d’attacher votre ceinture. Vous avez subi une émotion intense et votre cerveau s’en souvient à vie. L’efficacité est incroyable ".

 

Avez-vous adapté ce style d'atelier aux risques des entreprises ?

" Effectivement nous avons plus de 40 ateliers différents qui couvrent 99 % des risques classiques.

  • Chutes et glissades
  • Travail en hauteur
  • Consignations
  • Déplacement engins -piétons
  • Risques chimiques et électriques
  • Chute dans les escaliers
  • GSM au volant
  • ...

Et un atelier "vivre dans la peau d’une personne handicapée" qui est vraiment percutant aussi ".

 

Quels sont les résultats au niveau du taux de fréquence et de gravité après avoir suivi tout cela ?

" Je peux facilement répondre à votre question car nous avons maintenant du recul sur plusieurs années chez plusieurs clients nationaux et internationaux.

On divise par 3 les deux indicateurs. Nous sommes même parvenus chez certains clients à diviser par 10 le nombre de jours chômant suite à un accident ".

 

Merci Alain d’avoir répondu à mes questions

" C’est un plaisir pour moi de communiquer le savoir que j’ai acquis sur le terrain. De faire en sorte qu’il y ait moins d’accidents, et que nous rentrions tous sains et saufs le soir dans nos foyers ".

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